Billets qui ont 'Desperate Housewives' comme oeuvre.

Vaux, j'aime je n'aime pas

Je n'aime pas les jardins à la française, écrasés de soleil, sans ombre.
J'aime les croquis de Le Nôtre, son esprit géométriques et ses rêves. J'aime la bière locale (blonde: en 75 cl, elle n'existe que blonde) bue le long des haies en papotant.

Je n'aime pas le hall d'entrée, vide, disproportionné, humide, sans chaleur ni humaine, ni mobilière, ni immobilière.
J'aime la charpente, les outils et le vocabulaire des charpentiers. J'aime la vue du haut du clocheton. J'aimerais acheter une tuile (cinq euros) mais ce n'est pas prévu sur le site.

Je n'aime pas le destin de Fouquet, la trahison de ses pairs (quoi qu'il ait fait par ailleurs), l'enfermement durant 19 ans, le passage brutal des fastes au dénument. Je frémis d'horreur quand je tente de me représenter l'ennui de toutes ces heures à vivre inutiles et vides.
J'aime les photos de famille (dit-on Vogü-é ou Vogueuil?), le nom de duc de Praslins, la fidélité de Madame de Sévigné et de La Fontaine, et tous ceux qui furent fidèles alors que c'était dangereux.

J'aime le jeune homme qui n'a pas froid dans la cuisine (sa position contre le radiateur, les mains inoccupées, me rappelle Fouquet représenté dans son cachot), les chasubles des prêtres taillées dans les robes de mariées.

Je n'aime pas les réflexions des puristes, qui tordent le nez parce que les statues du jardin ne sont pas "d'époque" et que la bibliothèque a été reconstituée.
J'aime le kitsch de la boutique de souvenirs, si commercial, mais témoignant d'un attachement naïf de la part des acheteurs, d'une sorte de ''worship'ing'', d'un désir d'adoration ou d'esbrouffe qui m'émeut ou me fait rire.

La gloire c'est : signer une tuile de Vaux (de l'ardoise d'Angers) et qu'elle soit exposée sous vitrine plutôt que posée sur le toit.







Note en mai 2015.
Cette journée devait être une sortie cruchons mais finalement seuls Patrick et Aline sont venus. J'étais tellement en larmes que j'ai songé à annuler. Je m'en suis empêchée, me tenant à la conviction qu'il ne fallait annuler aucun engagement, que tout renoncement ne ferait que renforcer mon sentiment de vacuité et de ratage.
J'ai caché mes larmes comme je pouvais, et au fur à mesure de la journée c'est allé mieux, grâce à leur conversation.

Sans importance

— Vous prenez cela trop au tragique !
— Vous vous êtes trop investie.
— Je ne pensais pas que vous étiez aussi affectée.

Suite à mon départ du forum de la SLRC, les réactions de quelques lecteurs me surprennent et me font rire. Comment les gens peuvent-ils être aussi illogiques? Ne viendra-t-il à l'idée de personne que si je suis aussi affectée, c'est justement parce que je me suis investie? Et que si je suis en colère contre eux, c'est parce que je comptais sur eux ?

Ecrire sur un forum, écrire sur un blog, ce n'est sans doute pas très important quand par ailleurs on a l'occasion d'écrire sur, ou de parler de, ou d'étudier, ce qui vous tient réellement à cœur. Mais lorsque c'est le seul lieu où vous pouvez formaliser votre pensée, lorsque c'est la contrainte que vous vous êtes donnée pour ne pas vivre comme un légume et finir comme Ruth Fischer ou Desesperate housewives, c'est important.

C'est peut-être pathétique, mais c'est comme ça.
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